Beggars Banquet

The Rolling Stones - Beggars Banquet
– Beggars Banquet

Il y a des albums qui transcendent leur époque, des œuvres musicales qui capturent l'essence d'une génération. « Beggar's Banquet » des Rolling Stones est sans conteste l'un d'eux. Si le groupe avait déjà marqué les esprits bien avant la sortie de cet opus en 1968, cet album représente néanmoins un tournant, une métamorphose dans leur carrière.

Their Satanic Majesties Request

1967 avait été une année tumultueuse pour les Stones. Suite à la controverse entourant « Their Satanic Majesties Request », album psychédélique qui avait divisé les critiques, il était temps pour le groupe de se réinventer. Et c'est dans ce contexte que « Beggar's Banquet » est né. Comme l'a si bien dit : « C'était une période où nous voulions nous débarrasser de tout ce superflu et revenir à l'essentiel ».

Si « Their Satanic Majesties Request » flirtait avec le psychédélisme, « Beggar's Banquet » est un retour à la pure essence du rock'n'roll. L'album débute avec « Sympathy for the Devil », un morceau audacieux qui évoque les tumultes sociopolitiques de l'époque tout en flirtant avec des thématiques occultes. La chanson était à l'origine un doux balladin folk avant d'être transformée en un hymne rock diabolique après de nombreuses jam sessions.

The Rolling Stones in studio
The Rolling Stones in studio

L'album regorge de pépites bluesy comme « No Expectations » et « Prodigal Son ». Mais c'est aussi un hommage aux racines country du groupe, avec des morceaux comme « Dear Doctor ». Cet équilibre entre rock, blues et country montre la capacité des Stones à embrasser diverses influences musicales tout en gardant leur signature inimitable.

Dès sa sortie, « Beggar's Banquet » a été acclamé par les critiques. À l'époque, le magazine Rolling Stone l'a décrit comme « leur meilleur travail à ce jour ». L'album est souvent cité comme le début de la période dorée des Stones, qui comprend également « Let It Bleed », « Sticky Fingers » et « Exile on Main St. ».

The Rolling Stones - Beggars Banquet (Clean Cover)
The Rolling Stones – Beggars Banquet (Clean Cover)

La pochette originale de l'album, montrant un urinoir vandalisé, a été jugée trop controversée par leur maison de disques. Elle a d'abord été remplacée par une couverture plus sobre, sous forme de carton d'invitation, avant de réapparaître dans les rééditions ultérieures, devenant une pièce de collection prisée des fans.

Comme l'a si bien dit : « Le rock'n'roll a toujours été l'endroit où briser les règles ». Et « Beggar's Banquet » en est la parfaite illustration.

Le morceau : Sympathy for the Devil

Le monde du rock'n'roll a vu naître de nombreux hymnes, mais peu peuvent prétendre avoir autant de résonance culturelle et d'intrigue que « Sympathy for the Devil » des Rolling Stones. La pièce maîtresse de l'album « Beggar's Banquet » de 1968 est une mosaïque sonore captivante et une analyse profonde des ténèbres de l'humanité, le tout emballé dans un rythme contagieux qui invite à la danse.

Bien que la chanson soit principalement associée au rock, ses racines sont profondément ancrées dans la samba brésilienne. Les percussions, le piano et la guitare s'entrelacent pour créer un groove irrésistible. Keith Richards a admis que la chanson avait été influencée par le groupe brésilien Jorge Ben Jor, après avoir écouté leur musique lors d'une visite à São Paulo.

La progression musicale est hypnotique, du début presque tribal à l'apogée électrique qui s'intensifie avec l'entrée de la guitare de Keith Richards. Cette montée progressive miroite la montée des péchés énumérés dans les paroles.

Le génie de « Sympathy for the Devil » réside dans son narrateur : le Diable lui-même. Cependant, au lieu de la représentation traditionnelle d'un être purement maléfique, le Diable des Stones est un observateur, un chroniqueur de l'histoire humaine. Les paroles évoquent des événements historiques, de la crucifixion de Jésus-Christ à la révolution russe, en passant par la Seconde Guerre mondiale.

L'une des lignes les plus poignantes est « I shouted out, ‘Who killed the Kennedys?' When after all, it was you and me. » Ces paroles évoquent la responsabilité collective de l'humanité dans les tragédies qui la jalonnent. Le choix du Diable comme narrateur, plutôt que de glorifier le mal, sert de miroir à l'auditeur, rappelant que le mal peut se cacher là où on s'y attend le moins.

La chanson n'a pas été sans controverses. Beaucoup ont accusé les Stones de glorifier Satan, une critique que Mick Jagger a réfutée, expliquant que la chanson était une exploration de la nature humaine. Fun fact : pendant l'enregistrement du morceau, le studio a littéralement pris feu, un événement que certains ont pris comme un signe diabolique, bien que les membres du groupe l'aient surtout considéré comme une coïncidence ironique.

« Sympathy for the Devil » est plus qu'une simple chanson rock. C'est une œuvre d'art qui fusionne la musique, la poésie et l'histoire. Elle invite à l'introspection tout en faisant danser, une prouesse que seuls les plus grands peuvent réaliser. À travers cette pièce, les Rolling Stones n'offrent pas seulement de la « sympathie » au Diable, mais aussi une compréhension profonde de la complexité de la condition humaine.

« Sympathy for the Devil » est un morceau emblématique, et comme tout grand morceau, il a inspiré de nombreuses reprises au fil des ans. Voici quelques reprises remarquables qui se sont démarquées :

Guns N' Roses : Probablement la reprise la plus célèbre de « Sympathy for the Devil », elle figure sur la bande originale du film « Entretien avec un Vampire » (1994). Le style hard rock de Guns N' Roses ajoute une touche plus agressive au morceau tout en restant fidèle à l'original.

Bryan Ferry : L'ancien leader de a enregistré une version sensuelle et groovy du morceau pour son album “These Foolish Things”.

Motorhead : Bien que le groupe soit surtout connu pour son heavy metal rapide, leur reprise de « Sympathy for the Devil » est étonnamment fidèle à l'original, tout en incorporant leur signature brutale.

Sandie Shaw : Dans une approche très différente, la chanteuse britannique des années 60 a offert une version douce et mélodique du morceau, lui donnant une ambiance presque onirique.

Où écouter Beggars Banquet ?

Liens utiles pour The Rolling Stones