Headquarters – The Monkees

The Monkees - Headquarters
– Headquarters

Envisager une critique des Monkees est un exercice délicat, tant le groupe américain semble s'inscrire dans une paradoxale dualité. D'un côté, nous avons un groupe formaté pour la télévision, conçu en 1966 comme la réponse américaine à la Beatlemania. De l'autre, nous avons une formation qui a su, malgré son statut de « boys band » avant l'heure, produire une musique qui a marqué son époque et influencé la pop music.

The Monkees
The Monkees

, , et , quatre jeunes hommes choisis sur casting pour leur allure et leur voix, sont les protagonistes de cette comédie musicale télévisée qui marquera les années 60. Préfabriqués, certes, mais les Monkees ne sont pas de simples pantins. Avec le temps, ils réussiront à s'affranchir des contraintes imposées par leur production, devenant de véritables musiciens et prenant le contrôle créatif de leur travail.

En dépit de la controverse qui a entouré leur légitimité, la musique des Monkees était loin d'être médiocre. Des hits comme « I'm a Believer » et « Last Train to Clarksville » restent d'indémodables classiques de la pop. Et comment ne pas mentionner l'audace du projet « Head », film psychédélique et album expérimental qui ont dérouté le public à leur sortie mais ont gagné le statut culte avec le temps ?

Si les Monkees ont souvent été décriés comme un produit commercial sans âme, ils ont aussi prouvé qu'ils étaient capables de prendre des risques artistiques, de défier les attentes et de créer de la musique pop de qualité. Ainsi, ils ont, sans le vouloir, posé les jalons de ce que serait le phénomène « boys band » des décennies suivantes, tout en mettant l'accent sur la nécessité de la créativité et de l'autonomie artistique. 

Aujourd'hui, plus de 50 ans après leur formation, les Monkees ont acquis un certain respect, non seulement en tant que curiosité culturelle des années 60, mais aussi en tant que musiciens ayant contribué à façonner l'histoire de la pop music. Ils nous rappellent que la musique pop, même dans son expression la plus commerciale, peut être audacieuse, créative et, surtout, mémorable.

L'album : Headquarters

« Headquarters », sorti en 1967, marque une étape déterminante dans la carrière des Monkees. Loin des studios de télévision et des chansons écrites par des tiers, ce troisième opus voit le groupe prendre enfin les commandes de leur propre musique. Un pari risqué, mais qui a payé, puisque l'album est monté à la première place du Billboard 200 peu après sa sortie.

« Headquarters » démarre avec le rugissant « You Told Me », un morceau country rock audacieux avec une signature rythmique irrésistible. On remarque immédiatement que les Monkees sont plus à l'aise et plus authentiques que jamais. Loin du produit formaté des deux premiers albums, ils se révèlent ici en tant que musiciens compétents et auteurs talentueux.

On retrouve des titres phares comme « Shades of Gray » et « Randy Scouse Git », qui reflètent la diversité musicale de l'album. Si le premier est une ballade mélancolique, le second est un morceau plus rock, avec une touche psychédélique. Il s'agit là d'une prise de risque artistique qui montre la volonté des Monkees de s'éloigner de l'image de boys band qui leur a été imposée.

« Headquarters » est également notable pour la présence du groupe dans les crédits de presque toutes les chansons. Davy Jones, Micky Dolenz, Peter Tork et Michael Nesmith jouent de leurs propres instruments et ont co-écrit une bonne partie de l'album, affirmant leur légitimité en tant que véritable groupe de rock.

Ce qui frappe le plus dans « Headquarters », c'est sa spontanéité, sa fraîcheur. C'est l'album d'un groupe qui vient de prendre son envol, de quatre musiciens qui ont enfin la chance de se faire entendre. Avec cet album, les Monkees ont réussi à faire taire les critiques et à prouver qu'ils étaient bien plus que des marionnettes de l'industrie musicale.

La chanson : Forget that girl

Au sein de la discographie foisonnante des Monkees, il est facile d'oublier certains titres. Cependant, pour ceux qui s'y aventurent, il y a des joyaux qui valent le détour. « Forget That Girl », tiré de leur troisième album « Headquarters », est l'une de ces chansons qui méritent une attention particulière.

La chanson, écrite par Douglas Farthing Hatlelid (aussi connu sous le nom de ), producteur de l'album, est un superbe mélange d'harmonies vocales mélancoliques et d'un arrangement subtil. La voix de Davy Jones porte le titre avec une douceur et une vulnérabilité qui captivent l'auditeur. L'émotion qui se dégage de sa performance donne à la chanson une dimension authentique, presque palpable.

« Forget That Girl » est un morceau de pop élégante, doux-amer. Les arrangements musicaux, tout en retenue, servent parfaitement le thème de la chanson : l'impossibilité d'oublier un amour perdu. Le refrain est un appel au cœur, où la douleur de l'amour non partagé se fait entendre dans chaque note.

Mais au-delà de la mélodie et des paroles, c'est aussi dans le contexte de sa création que la chanson prend une résonance particulière. « Forget That Girl » est issue de « Headquarters », l'album où les Monkees ont pris le contrôle de leur musique. Elle symbolise donc cette liberté nouvellement acquise, ce désir d'authenticité qui a animé le groupe à cette période.

« Forget That Girl » est un exemple parfait de la capacité des Monkees à créer une pop sincère et émouvante. Elle montre que, loin des clichés de boys band fabriqué, les Monkees avaient du talent, de la profondeur, et une véritable passion pour la musique. Une chanson à redécouvrir, pour tous les amoureux de la pop des années 60.

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